La mosquée Bibi-Khanym

Bibi-Khanym, épouse de Tamerlan, a laissé son nom à deux monuments ou ensembles monumentaux de Samarcande, en vis-à-vis : la mosquée du Vendredi de Tamerlan (masjid-i jami’) ditemosquée Bibi Khanym (1399-1404) et l’ensemble mausolée et medersa dit de Saray Mulk Khanum (cette distinction des noms de la même personne est d’autre pratique).
La mosquée fut érigée à partir de 1398 par Tamerlan au retour de sa campagne des Indes, où il avait saccagé Delhi. Là, il avait vu la mosquée Tughluq du XIIe siècle et s’en était inspiré pour ériger sa grande mosquée de Samarcande. L’inspiration indienne est d’autant plus marquée que la mosquée est dite en pierre d’après Babur. En réalité, seuls quelques éléments et les colonnes sont en marbre, mais c’est à l’époque une grande innovation puisque les majorité des bâtiments en Asie centrale est en brique, crue ou cuite. La mosquée fut achevée en 1405. Elle était de dimensions imposantes (167 x 109 m), avec un portail d’entrée présentant une ouverture de 18 mètres, un minaret à chaque angle de la cour et une galerie de 400 coupoles supportées de 400 colonnes en marbre sculpté. Le bâtiment principal de la mosquée, situé au fond de la cour, était couronné d’une coupole et atteignait 44 mètres. Au centre de la cour se trouve un immense lutrin à coran, en pierre. Elle connut vite des dégâts dus à la mauvaise répartition des charges et aux tremblements de terre fréquents dans la région. Les armées russes l’utilisèrent comme écuries et comme entrepôts avant que le régime soviétique ne commence une restauration en 1974.
De nombreuses légendes courent autour de l’architecte de la mosquée et de Bibi Khanym. On raconte que l’architecte est éperdument amoureux de la première épouse de Tamerlan mais qu’elle refuse ses avances. Pour obtenir un baiser, il retarde donc volontairement les travaux. Ce faisant, elle accepte finalement mais pose entre eux deux sa main ou un voile (ce serait depuis lors que les femmes portent le voile à Samarcande). Tamerlan de retour le découvre et condamne l’architecte. En vérité, il semble que Tamerlan ait condamné l’architecte pour abus ou mauvais travail (à son goût).