Omar Khayyam

L’écrivain et savant persan connu en francophonie sous le nom d’Omar Khayyām ou de Khayyām  serait né le 18 mai 1048 à Nichapur en Perse (actuel Iran) où il est mort le 4 décembre 1131.

 

Biographie

 

La vie de Khayyam est entourée de mystère, et peu de sources sont disponibles pour nous permettre de la retracer avec précision. Les chercheurs pensent généralement qu’Omar Khayyam est né dans une famille d’artisans de Nichapur (son père était probablement fabricant de tentes). Il a passé son enfance dans la ville de Balhi, où il étudie sous la direction du cheik Mohammad Mansuri, un des chercheurs les plus célèbres de son temps. Dans sa jeunesse, Omar Khayyām étudie aussi sous la direction de l’imam Mowaffak de Nishapur, considéré comme le meilleur professeur du Khorassan.

 

La légende dit qu’Abou-Ali Hassan (Nizam al-Mulk) et Hassan Sabbah étudiaient alors également sous la direction de ce maître et qu’un pacte légendaire aurait été conclu entre les trois étudiants : « Celui d’entre nous qui atteindra la gloire ou la fortune devra partager à égalité avec les deux autres ». Cette alliance reste improbable lorsqu’on sait que Nizam al-Mulk était de 30 ans l’ainé d’Omar et que Hassan Sabbah devait avoir au moins 10 ans de plus que Khayyam.

 

Nizam al-Mulk devient cependant grand vizir de Perse et les deux autres se rendent à sa cour. Hassan Sabbah, ambitieux, demande une place au gouvernement ; il l’obtient immédiatement et s’en servira plus tard pour essayer de prendre le pouvoir à son bienfaiteur. Il devient après son échec chef des Hashishins. Khayyam, moins porté vers le pouvoir politique, ne demande pas de poste officiel, mais un endroit pour vivre, étudier la science et prier. Il reçoit alors une pension de 1 200 mithkals d’or de la part du trésor royal ; cette pension lui sera versée jusqu’à la mort de Nizam al-Mulk (tué par un assassin).

 

Nom de Khayyam

 

Si on le déchiffre avec le système abjad, le résultat donne al-Ghaqi, le dissipateur de biens, expression qui dans la terminologie soufie est attribuée à « celui qui distribue ou ignore les biens du monde constituant un fardeau dans le voyage qu’il entreprend sur le sentier soufi » (Omar Ali-Shah).

 

« Khayyam, qui cousait les tentes de l’intelligence,

Dans une forge de souffrances tomba, subitement brûla ;

Des ciseaux coupèrent les attaches de la tente de sa vie ;

Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent».

 

Mathématicien et astronome

 

Omar Khayyâm est considéré comme « l’un des plus grands mathématiciens du Moyen Âge » Mais ses travaux algébriques ne furent connus8 en Europe qu’au XIXe siècle .

 

Dans ses Démonstrations de problèmes d’algèbre de 1070, Khayyam démontre que les équations cubiques peuvent avoir plus d’une racine. Il fait état aussi d’équations ayant deux solutions, mais n’en trouve pas à trois solutions. C’est le premier mathématicien qui ait traité systématiquement des équations cubiques, en employant d’ailleurs des tracés de coniques pour déterminer le nombre des racines réelles et les évaluer approximativement. Outre son traité d’algèbre, Omar Khayyâm a écrit plusieurs textes sur l’extraction des racines cubiques et sur certaines définitions d’Euclide, et a construit des tables astronomiques connues sous le nom de Zidj-e Malikshahi

 

Directeur de l’observatoire d’Ispahan en 1074, il réforme, à la demande du sultan Malik Shah, le calendrier persan (la réforme est connue sous le nom de réforme jelaléenne). Il introduit à la manière du calendrier julien une année bissextile et mesure la longueur de l’année comme étant de 365,24219858156 jours. Or la longueur de l’année change à la sixième décimale pendant une vie humaine. L’estimation djélaléenne se montrera plus exacte que la grégorienne créée cinq siècles plus tard, bien que leur résultat pratique soit exactement le même, une année devant comporter un nombre entier de jours. À la fin du XIXe siècle, l’année fait 365,242196 jours et aujourd’hui 365,242190 jours.

 

Poète et philosophe

 

Ses poèmes sont appelés « rubaiyat » ce qui signifie « quatrains ». Les quatrains de Khayyam, souvent cités en Occident pour leur scepticisme, recèleraient, selon Idries Shah, des « perles mystiques », faisant de Khayyam un soufi. Il aurait prôné l’ivresse de Dieu, et se disait infidèle mais croyant. Au-delà du premier degré hédoniste, les quatrains auraient donc selon ce commentateur une dimension mystique.

 

Statue d’Omar Khayyam à Bucarest

 

Dans la pratique, si l’on s’en tient au texte, Khayyam se montre bel et bien fort critique vis-à-vis des religieux – et de la religion – de son temps. Quant au vin dont la mention revient fréquemment dans ses quatrains, le contexte où il se place constamment (agréable compagnie de jeunes femmes ou d’échansons, refus de poursuivre la recherche de cette connaissance que Khayyam a jadis tant aimée) ne lui laisse guère de latitude pour être allégorique.

 

On ne peut donc que constater l’existence de ces deux points de vue. Traduction de F. Toussaint pour les quatrains ci-après.

Chagrin et désespoir

 

(VIII)

 

« En ce monde, contente-toi d’avoir peu d’amis.

Ne cherche pas à rendre durable

la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu’un.

Avant de prendre la main d’un homme,

demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour. »

 

(CXX)

 

«Tu peux sonder la nuit qui nous entoure.

Tu peux foncer sur cette nuit… Tu n’en sortiras pas.

Adam et Ève, qu’il a dû être atroce, votre premier baiser,

puisque vous nous avez créés désespérés !»

 

Quelques quatrains

 

« Hier est passé, n’y pensons plus

Demain n’est pas là, n’y pensons plus

Pensons aux doux moments de la vie

Ce qui n’est plus, n’y pensons plus »

 

« Ce vase était le pauvre amant d’une bien-aimée

Il fut piégé par les cheveux d’une bien-aimée

L’anse que tu vois, au cou de ce vase

Fut le bras autour du cou d’une bien-aimée!  »

 

« Elle passe bien vite cette caravane de notre vie

Ne perds rien des doux moments de notre vie

Ne pense pas au lendemain de cette nuit

Prends du vin, il faut saisir les doux moments de notre vie »